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Photo du rédacteurESMOD

BRIGITTE COMAZZI : ESMOD M’A LIBERÉE

Monotone le métier de styliste ? Pas pour Brigitte Comazzi, pétillante styliste professionnelle, hyper agile dans un univers en mouvement perpétuel.


Brigitte Comazzi styliste multi-talents

De Comptoir des Cotonniers aux Galeries Lafayette, en passant par Marks & Spencer, Gérard Darel ou Première Vision, sa carrière est passée par toutes les facettes d’un métier résolument polymorphe.

Dès sa sortie d’école, en 1986, elle est recrutée par Fayçal Amor, dirigeant de la marque Plein Sud. Une expérience de terrain qui la mène bientôt chez Kookaï, puis au service d’une styliste indépendante. Possédant de nombreux contrats dans tous les domaines et toutes les gammes de la mode, Anne Dupuis permet à Brigitte de parfaire son apprentissage tout en découvrant de nouveaux domaines. Parallèlement, elle se lance dans le costume de scène au service du chanteur Eric Morena. Une petite équipe soudée se forme autour de l’artiste baroque. Robin Katz en est le producteur –et parolier-, Alexandre Desplat le compositeur -alors peu connu- et Brigitte Comazzi la responsable du style. « Dans cette petite bande j’étais la styliste attitrée, entre autre pour le clip déjanté de ‘Oh Mon Bateau’. Mais nous avons également travaillé ensemble sur des publicités plus rémunératrices. L’ambiance était géniale ! »


Le chanteur Eric Morena, habillé par Brigitte Comazzi en 1989

Arrivée à un tournant de sa vie personnelle, elle décide cependant de se consacrer résolument au prêt-à-porter. Elle devient styliste responsable de l’une des marques propres du Printemps. Quatre ans plus tard, elle est engagée par Etam afin de créer le bureau de style de l’enseigne de lingerie. « Ce n’était encore qu’un label qui achetait et griffait des produits finis. Nous avons lancé la création de collections propres. J’y suis resté cinq ans, mais comme ma passion ce sont les matières et que je rêvais de produits un peu plus haut de gamme, j’étais un peu frustrée. Donc je suis devenu free lance. » Et c’est chez Kookaï qu’elle retourne d’abord, avant d’entrer -en plus- au service de Marks & Spencer. « J’étais leur correspondante française. J’allais à Londres une fois par mois leur livrer mes envies et donner une touche parisienne à leurs collections. On travaillait alors dans un luxe inouï ! »

Sa rencontre avec l’entrepreneur Frédéric Biousse sera décisive. Nouveau venu chez Comptoir des Cotonniers, il gère alors le passage de l’entreprise française au sein du groupe japonais Fast Retailing (Uniqlo). « Durant six mois les fondateurs de la marque, Georgette et Tony Elicha et leurs enfants, nous ont transmis le flambeau. Un relais qu’ils nous ont passé avec beaucoup de bienveillance et d’intelligence. Ensuite, je suis resté six ans à la tête de la création de Comptoir. C’était très créatif et plein de développements en permanence ». La marque familiale se métamorphose alors en griffe internationale. D’une centaine de magasins, le réseau passe en six ans à 450 enseignes dans le monde entier. « Je dirigeais le style, les modélistes et l’atelier. Nous avons constitué un véritable laboratoire de recherche et développement performant. C’était l’une des premières marques de luxe accessible à l’époque. On a pu initier des méthodes de travail nouvelles, signer des partenariats avec certains tisseurs afin d’offrir du beau à des prix accessibles. » Des méthodes qui ont été appliquées plus tard -toujours par Frédéric Biousse-, chez Sandro, Maje et Claudie Pierlot, mais également dans de nombreuses autres marques parisiennes de milieu de gamme devenues soudain mondiales.


L'atmosphère de l'atelier et la richesse culturelle du textile, une passion qui ne l'a jamais quitté. Ici chez l'un de ses clients tisseur italien.

« Après six années intenses, j’ai quitté Comptoir pour aller chez Tara Jarmon, à la direction du style où je ne suis resté que deux ans, car j’ai été contacté par le fond d’investissement qui venait de racheter Gérard Darel. Ils m’ont engagé comme directrice de création en 2014. Malheureusement la société était en grande difficulté financière, ce que je ne savais pas ».

Lorsque Gérard Darel est racheté une nouvelle fois par la famille fondatrice, Brigitte redevient styliste free lance. Contactée par un groupe japonais détenteur d’une vingtaine de marques, elle fait du consulting style entre l’Europe et le Japon. Toujours passionnée de textiles, elle réalise également des missions pour le salon Première Vision, mais aussi directement pour quelques tisseurs italiens. Ses riches acquis professionnels l’amènent entre autre à la direction artistique de la marque propre des Galeries Lafayette, jusqu’à très récemment.


L’ouverture Esmod

A travers toutes ces expériences, sa formation initiale a toujours joué un rôle essentiel. « Mes études à Esmod m’ont permis d’être un peu moins artiste et plus organisée, poursuit-elle. Lorsque je suis entrée dans l’école je venais de province (du côté de Metz), j’avais 20 ans et vraiment je n’avais rien fait. A part des études aux Beaux Arts. J’adorais dessiner et j’aime toujours ça. Mais ici (cette interview se situe dans le grand hall d’Esmod Paris NDR) j’ai pu exprimer ma personnalité en tant que styliste. » Contrairement à certain étudiants novices, Brigitte Comazzi savait ce qu’est la mode, en ayant grandi dans le petit atelier de couture de sa tante en province. « Mais celle-ci était excessivement rigide dans sa pratique. Donc je me suis plutôt ‘dévergondé’ ici. C’était le Paris des années 80, des soirées au Palace, des fêtes. On était très excentriques, ou plutôt, on s’exprimait vraiment à travers la mode. On nous encourageait d’ailleurs à nous extérioriser au sein même de l’école. Mes trois années à Esmod ont été vraiment libératrices. Et puis le fait de fréquenter des étudiants qui venaient du monde entier et de milieu sociaux très divers m’a aussi ouvert l’esprit. Ça impressionnait terriblement la petite provinciale que j’étais, mais ça ne m’a pas empêchée de sortir major de ma promo. »


Dans le hall d'Esmod, Brigitte découvre son nom sur un poster promotionnel.

Désormais Brigitte se concentre sur son entreprise personnelle de consulting Mode et Textile. « Le conseil style pour les tisseurs est très spécial car le plus souvent il est pratiqué pas des ingénieurs textiles. Moi je viens de l’autre bout du spectre : des produits finis, de la mode. Ça leur apporte un autre regard. Ce qui fait l’originalité de mon activité, c’est que je travail aussi bien en amont, sur les matières, qu’en aval, à l’autre bout de la chaine de production, sur les produits finis et les collections.»

Au étudiants de d’Esmod qui passent devant nous à l’interclasse elle aimerait délivrer un message enthousiaste : « Suivez d’abord ce que vous avez au fond de vous même, exprimez-vous ! Ne cherchez pas à ressembler aux autres. Et surtout n’oubliez pas de raisonner en fonction de la planète et de son respect, c’est LE sujet essentiel. Impossible de considérer l’avenir de la mode sans penser à l’écologie. Enfin, essayez de redévelopper le ‘fabriqué en France et en Europe’ autant que possible. Pensez à tous ces métiers artisanaux de la mode qui disparaissent parfois. Et puis sortez ! Allez dans les musées, dans les ateliers, dans les usines, dans la vraie vie quoi. Allez là ou ça se passe, pas seulement sur les sites internet qui essayent avec leurs maigres moyens de traduire l’actualité. Allez vous-même à la source ! »

Découverte pieuse chez un tisseur italien...
 

BRIGITTE COMAZZI : ESMOD HAS GIVEN ME FREEDOM


Is it a monotonous job being a designer? Not for Brigitte Comazzi, vibrant professional designer, hyper agile in a world of perpetual movement.


Brigitte Comazzi multi-talented designer


From « Comptoir des Cotonniers » to « Galeries Lafayette », passing by « Marks & Spencer », « Gérard Darel » and « Première Vision », her career has gone through all the aspects of a truly multifaceted profession.

As soon as she left school in 1986, she was recruited by Fayçal Amor, manager of the Plein Sud brand. This hands-on experience soon led her to work for Kookaï, then for an independent stylist. With numerous contracts in all fields and all areas of fashion, Anne Dupuis allowed Brigitte to complete her apprenticeship while discovering new fields. At the same time, she began working as a stage costume designer for singer Eric Morena. A small, unified team was formed around the baroque artist. Robin Katz was the producer - and lyricist, Alexandre Desplat - the composer - not very well known by then - and Brigitte Comazzi was in charge of style. "In this little band I was the official designer, among other things, for the crazy video clip of 'Oh Mon Bateau'. But we also worked together on more lucrative advertisement projects. The atmosphere was great! »



The singer Eric Morena, dressed by Brigitte Comazzi in 1989.


However, at a turning point in her personal life, she decided to devote herself wholeheartedly to the ready-to-wear. She became the designer responsible for one of the Le Printemps' own brands. Four years later, she was hired by Etam to create the design office for the lingerie brand. "It was still just a label that bought and designed finished products. We launched the creation of our own collections. I stayed there for five years, but since my passion was all about the fabrics and I was dreaming of products a little bit more upscale, I was a little frustrated. So, I became a freelancer". At first she returned to Kookaï, and then she joined Marks & Spencer. "I was their French correspondent. I went to London once a month to share my desires with them and give a Parisian touch to their collections. We were working in incredible luxury at the time! »

Her meeting with entrepreneur Frédéric Biousse was pivotal. A newcomer at Comptoir des Cotonniers, he then managed the transition of the French company to the Japanese group Fast Retailing (Uniqlo). "For six months the founders of the brand, Georgette and Tony Elicha and their children, passed the torch to us. They passed it on to us with great kindness and intelligence. After that, I spent six years at the head of Comptoir's creation. It was very inventive and full of constant development". Then the family brand metamorphosed into an international label. In six years, the network grew from around a hundred stores to 450 stores worldwide. “I was in charge of the design, the pattern makers and the workshop. We set up a genuine, high-performance research and a development laboratory. It was one of the first accessible luxury brands at the time. We were able to initiate new production methods, sign partnerships with certain weavers in order to offer beauty at affordable prices”. Methods that were applied later - always by Frédéric Biousse, at Sandro, Maje and Claudie Pierlot, but also in many other Parisian mid-range brands that suddenly became global.



The atmosphere of the workshop and the cultural richness of textiles, a passion that has never left her. Here at one of her Italian weaver customers' home.


"After six intense years, I left Comptoir to go to Tara Jarmon, in their design department, where I only stayed for two years, because I was contacted by the investment fund that had just bought Gérard Darel. They hired me as creative director in 2014. Unfortunately, the company was in great financial distress, and I didn't know about it".

When Gérard Darel was once again bought out by the founding family, Brigitte became a freelance designer once again. She was contacted by a Japanese group that owned some twenty brands and she did design consulting between Europe and Japan. Still passionate about textiles, she also carries out assignments for the Première Vision trade show, but also directly for some Italian weavers. Her rich professional experience has led her, among other things, to the artistic direction of Galeries Lafayette's own brand, up until recent days.


Starting at Esmod


Through all these experiences, her initial education has always played an essential role. "My years studying at Esmod allowed me to be a little less artistic and more organized," she continues. When I entered the school, I came from the countryside (near Metz), I was 20 years old and I really hadn't achieved anything. Apart from studying at the Beaux Arts. I loved to draw and I still do. But here (ed: this interview is located in the main hall of Esmod Paris) I was able to express my personality as a designer. "Unlike some novice students, Brigitte Comazzi knew what fashion was all about, having grown up in her aunt's small sewing workshop in the countryside. "But she was excessively rigid in her practice. So, I've been rather 'wild' here. It was the Paris of the 80s, parties at the Palace. We were very eccentric, or rather, we really expressed ourselves through fashion. We were encouraged to express ourselves within the school itself. My three years at Esmod were really liberating. And the fact that I was with students from all over the world and from very diverse social backgrounds also opened my mind. It made a terrible impression on me as a little provincial, but it didn't stop me from coming out top of my class. »



In the lobby of Esmod, Brigitte discovers her name on a promotional poster

Now Brigitte is focusing on her personal fashion and textile consulting business. " Design consulting for weavers is very special because it is mostly carried out by textile engineers. I come from the other end of the spectrum: finished products, fashion. It gives them a different perspective. What makes my activity original is that I work both upstream, on the materials, and downstream, at the other end of the production chain, on the finished products and collections."

To the students of Esmod who pass in front of us in the hallway, she would like to convey an enthusiastic message: "First follow what you have inside, express yourself! Don't try to look like the others. And above all, don't forget to reason according to the planet and its respect, this is THE essential subject. It is impossible to consider the future of fashion without thinking about ecology. Finally, try to reinvent 'made in France and Europe' as much as possible. Think about all those fashion crafts that sometimes disappear. And then get out! Go to museums, workshops, factories, in real life. Go where it's happening, not only to websites that try with their meagre means to translate the news. Go to the source yourself! »



Pious discovery at an Italian weaver's house...


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