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Photo du rédacteurESMOD

Céline Adler ressuscite la légende Reard

L’importance de Reard dans l’histoire de la mode du XXème siècle est capitale. Une maison pionnière. Fondée en 1946 par un ingénieur automobile, Louis Reard, dans un contexte de libération du corps féminin initié par le New Look, cette marque est entrée dans la légende lors de la présentation de sa première collection à la mythique piscine Molitor qui était le haut lieu du Paris mondain de l’époque. Peu d’images d’archives subsistent, mais les historiens confirment la vive impression produite sur les spectateurs par la vision du « bikini » porté par Micheline Bernardini, célébrité sulfureuse de l’époque puisqu’elle était la première danseuse nue du Casino de Paris.



Ce maillot de bain d’un nouveau genre et d’un nouveau nom était effectivement impressionnant : la coupe très échancrée de la culotte dévoilait largement les hanches. Autre nouveauté, impensable quelques années auparavant : le nombril était visible !  Ce nom de « bikini » lui-même excitait l’imagination : il faisait référence à l’atoll des iles Marshall sur lequel, cinq jours avant la présentation, venait d’avoir lieu un explosion nucléaire.

Jolie métaphore : une détonation eut lieu en effet lors de cette présentation ; ce ne fut pas celle d’un scandale mais d’un succès. L’opinion publique, après des années de guerres et de privations avait soif de nouveautés et d’insouciance. Des le début des années 50, Brigitte Bardot s’en empare, ainsi qu’Ursula Andress. Les trente glorieuses peuvent commencer. Intimement lié à la personnalité de son fondateur, la marque ne survécut pas à la mort de Louis Reard, et disparut définitivement en 1984.

Définitivement ? Pas tout à fait, car les légendes ne meurent jamais. Richard Emanuel est né en 1967 à Glasgow. Son enfance a été bercée par le glamour des stars langoureuses de l’age d’or du sex-appeal. Birgitte Bardot, Marylin Monroe, Ursula Andress  étaient ses idoles, elles le sont restées. Mais cet anglais autodidacte n’était pas un simple adorateur des courbes féminines : à 23 ans il fondait une société de télécommunications qui en cinq années allaient connaître un succès fracassant, au point d’être racheté par les British Telecom en 1999. Depuis cet entrepreneur doué multiplie les prises de risques dans l’achat de sociétés liés à des secteurs d’activités divers, tels que la technologie, le bien être et le luxe. L’excellence de sa trajectoire professionnelle lui valut d’être présenté à Sa Majesté la Reine d’Angleterre Elisabeth II au palais de Buckingham en l’an 2000.



Cette courte biographie éclaire surement les raisons pour lesquelles, ce génie des affaires a eu le coup de foudre pour la maison Louis Reard, au point de la racheter il y a quatre ans avant de la rebaptiser Reard Paris. Remise à flot, la marque est clairement repositionnée sur le secteur du luxe. En entrepreneur avisé,  Richard Emanuel a confié les rênes de la direction artistique à une grande spécialiste de la lingerie. Sans surprise, celle ci a été formée à Esmod Paris.



Celine Adler connaît bien son métier. Apres un deug d’histoire à la Sorbonne, la créatrice a intégré en 1998 l’école de la rue de la Rochefoucault d’où elle est sortie trois ans plus tard avec son diplôme. Immédiatement, elle mit à profit ses connaissances acquises dans la spécialisation Lingerie aupres d’enseignes spécialisées : tout d’abord, en tant que designer lingerie et swimwear pour Huit, puis en tant que head designer pour Princesse Tam Tam et Kookai Lingerie. Depuis 2010, elle prodigue égalelent ses talents comme designer freelance lingerie et swimwear pour Chloé (où elle travaille en collaboration avec Clare Weight Keller), Laurence Tavernier ou encore Martine Leherpeur Conseil.



« Traduire le Mood d’une marque quand vous la lancez est toujours un challenge mais la mettre entre les mains d’une créative expérimentée telle que Céline Alder, rend la chose bien plus facile » admet volontiers le nouveau propriétaire de Reard Paris. Il faut dire que le talent et le savoir-faire de l’ancienne étudiante d’Esmod fait mouche. La collection été 2017 de Reard Paris privilégie des maillots intemporels au style minimaliste et graphique. La technique irréprochable de Céline se manifeste dans cette collection comprenant 55 références – 7 lignes disponibles dans 8 variantes de coloris – des maillots une et deux pièces, du beachwear et des chapeaux. L’ensemble est parfaitement équilibré, aussi bien en style (un choix de maillot pour chaque morphologie) qu’en stratégie  avec 3 segments de prix : entrée de gammes à environ 200 euros, le cœur de marques aux détails couture (environ 300 à 450 euros) et enfin l’innovation avec des pièces « bijoux » aux alentours de 650 euros. Coté matière, un domaine pour lequel la créatrice a été fortement sensibilisé durant sa scolarité, la marque a choisi une maille doté de 38 % de fibre Lycra : « une matière qualitative, mate et fonctionnelle, pouvant être travaillé en clean cut afin d’obtenir des finitions parfaites ». L’ancienne étudiante d’Esmod travaille d’ores et déjà sur la collection printemps été 2018. Nul doute qu’avec  une professionnelle aussi talentueuse et aguerrie que Céline, la marque Reard Paris soit définitivement dans le bain.

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