Ils et elles sont l’Alfa et l’Omega de notre avenir. Les professionnels, stylistes, modélistes, artisans ou directeurs artistiques de demain. ESMOD leur a fourni les clefs qui leur ouvriront les portes de nombreux métiers spécialisés. Un vocabulaire et des savoir-faire qu’ils vont pouvoir enrichir au contact d’entreprises existantes ou mettre au service de leurs propres aventures. Emouvants, les jurys et défilés de fins d’études ne sont pas un aboutissement, mais le début d’une carrière qu’on leur souhaite passionnante et enrichissante.
Nous avons réuni ici une sélection subjective de ces futurs grands. Des talents qui méritent chacun une attention particulière. A la hauteur du chemin parcouru par eux et elles jusqu’ici… A la hauteur des destins qui les attendent.
Les ‘Screaming Flowers’ de Femke Thijs
Moyen d’expression et de construction de sa personnalité, la mode a permis à Femke de prendre confiance en elle. La positivité qu’elle génère à travers de belles images, ainsi que ses messages esthétiques, lui ont donné envie de se diriger vers cette forme de création qu’elle envisage comme un art. Originaire de Gant en Belgique, elle a réalisé le rêve de ses 16 ans : venir étudier la mode à Paris.
En se spécialisant en troisième année en classe de Nouvelle Couture d’ESMOD Paris, elle tente d’équilibrer son travail entre couture classique et art moderne. Elle définit sa collection très inspirante de fin d’études comme une ode à la couleur. Des gammes vives qu’elle trouve dans la carnation des fleurs, mais aussi dans leurs formes et leurs volumes. Évoquant des labyrinthes de verdure, elle imagine des fleurs hurlantes. Les résultats, oniriques et spectaculaires, de ses recherches lui permettront sans doute d’intégrer le bureau de création stimulant dont elle rêve désormais.
Sa philosophie de vie : « Croyez toujours en vos rêves, mais travaillez dur pour les réaliser. Restez fidèle à vous-même, c'est la meilleure version de vous qui existe. Donnez une voix à votre fantaisie sauvage, et exprimez-vous comme vous voulez. Et enfin : n'abandonnez JAMAIS ! ». Encore un mot : Bravo.
La performance thérapeutique de Thelma Antonic
Au départ le vêtement fascine Thelma comme un moyen d’expression et d’affirmation de sa personnalité. Au cours de ses trois années d’études à ESMOD Paris, son regard évolue cependant. De future styliste ou créatrice de sa propre marque, elle devient chaque jour plus passionnée par l’art contemporain. La mode catalyse son regard vers les performances et d’autres moyens d’expressions qu’elle n’avait peut-être pas imaginé explorer en première année. Une curiosité qui change aussi sa façon de travailler. Bientôt la finalité du produit n’est plus un but. Ce qui la passionne c’est le processus, le cheminement qui lui permet d’y arriver. Une démarche intellectuelle qui lui fait bientôt choisir la spécialisation Performance au sein de l’école.
Son travail de fin d’études ‘Organic Replica’ n’est ni une collection, ni un vestiaire. Elle le défini comme une thérapie autour de son rapport au corps, son corps. L’humain devient son champ d’exploration. Elle traverse la dichotomie interne/externe à travers 4 fragments : la communication, les cheveux, la carapace et l’organique. On ne s’étonne donc pas que ses matières soient solides comme un squelette (en plâtre) ou fragiles et délicates comme la peau (en silicone). Réaliste ou excessif son travail questionne le vivant et rompt avec les conventions. Une thérapie en forme de moyen d’expression qu’elle compte poursuivre, pourquoi pas, dans d’autres univers créatifs, élargissant toujours son horizon. La mode aura ainsi été pour Thelma le catalyseur de ses véritables aspirations.
Les accessoires futuristes de Baptiste Darrigrand
Formé durant 2 ans à ESMOD Bordeaux, Baptiste Darrigrand a toujours admiré l’art, la culture et la liberté des artistes. Dès son adolescence la mode l’attire et l’aide à affirmer sa personnalité. Passionné, il dessine très tôt des chaussures et des vêtements. Des créations qui correspondent avant-tout à son goût personnel. Des recherches élaborées, qu’il concrétise depuis un an à ESMOD Paris.
Dans cette collection d’accessoires ‘Fragments Temporels’, il mélange aérodynamisme, retro-futurisme des années 1950 et 60 mais aussi futurisme d’aujourd’hui. Des ‘anachronismes esthétiques’ qu’il cultive comme autant de signes du temps. Ici, le métal est souvent patiné et le cuir resplendissant. La nouveauté nait du passé, les époques se mélangent, l’ambiguïté domine.
Après son diplôme, Baptiste aimerait développer sa propre marque, « Génésis », même s’il sait qu’un passage par une grande maison de mode comme Givenchy, Maison Margiela ou Christian Dior ne pourrait que lui apporter davantage d’assurance.
Cherifa ElKharadly : une explosion de vie !
Pour Cherifa, la mode permet de communiquer une expression personnelle d’une manière non verbale. Pour cette collection, elle a choisi les couleurs le plus optimistes. « Toutes les couleurs, les imprimés, les détails s'unissent pour refléter qui on est, affirme-t-elle. Ils aident à montrer notre vrai caractère - nos histoires, nos pensées, nos sentiments et nos émotions… ».
Une exploration qu’elle mène depuis 3 ans à ESMOD Paris et qu’elle a choisi de développer en troisième année grâce à la spécialisation Maille. Cette première collection complète, qui est celle de sa dernière année ici, ressemble à son optimisme et à ses rêves : vifs, colorés, bizarres parfois. Les motifs ludiques inspirés des années 1980-90 sont essentiels à son travail. Entre prêt-à-porter luxe et sportswear, différents styles se mélangent ici. Le dynamisme de l’ensemble exprime un trop plein de vie aussi vibrant que ses photos enlevées.
Demain une belle carrière dans le secteur de la maille l’attend, avant sans doute de créer sa propre marque.
Les cubes extravagants de Thomas Heno
Très jeune, Thomas se passionne pour tous les médiums artistiques : musique, dessin, sculpture, gravure, peinture ou photo. Bientôt l’univers du design s’impose à lui comme seule voie digne d’intérêt. A travers le design automobile d’abord, le mobilier ensuite. A l’âge de 15 ans, il découvre le travail du créateur de mode Rick Owens. Une révélation qui va le pousser vers le design de vêtements et l’univers de la mode. Dessins, études historiques, croquis de mode : son tempérament lui fait explorer cet univers créatif avec passion. Une passion dont il espère désormais faire un métier.
En spécialisation Performance, il explore des volumes géométriques changeants selon l’angle d’observation. Partant du rond, de la sphère, il arrive aujourd’hui au cube dans une démarche ‘géometriste’ radicale. Son projet de maison créative « Trois Points » est destiné à créer chaque saison un nouvel engouement autour des pièces phares de ‘l’élégance à la Française’. Désirant perpétuer le savoir-faire des artisans à travers des projets innovants, il inclut également les futures clientes à travers des déclinaisons personnalisables de ses créations.
Des développements spectaculaires qu’il aura le temps d’approfondir à travers un Master au sein d’ESMOD Paris l’année prochaine.
La danse des vêtements de Katsuki Nakata
Le souffle de l’étoffe entame un ballet précieux dans la collection 2023 chorégraphiée par Katsuki Nakata. Une ode à l’élan vital, prodiguée par des vêtements qui refuse l’assignation du genre pour s’épanouir dans des propositions créatives qui semblent matérialiser l’essence du mouvement. Un col exécute autour du cou des lignes complexes comme si son tracé explorait les ressources inexplorées du rythme. Pour l’élève japonaise, passée par ESMOD Kyoto avant de s’installer à Paris pour une année d’étude supplémentaire, l’origine de ce projet puise sa source dans ses premiers souvenirs. « Quand j’étais enfant, j’exprimai volontiers mes sentiments au travers de la danse qui est le thème central de cette collection. La danse contemporaine plus précisément. J’avais comme ambition de créer un vêtement qui permettrait à celui ou celle qui le porte de libérer ses émotions sans contrainte. » Les tissus se superposent, se dédoublent, se relativisent, se répondent et se complètent à l’image des multiples facettes d’une personnalité accomplie. « En créant cette robe rouge, une couleur qui incarne l’audace, j’avais une obsession : que ce vêtement accorde une grande confiance en soi à la personne qui la porte. » Mission réussie : « La danse des vêtements » constitue une apologie saisissante
de la pulsation. De celle qui vont naitre les vocations. Quand j'étais adolescente, j'ai reçu un prix spécial de la part du grand créateur Hiroko Koshino lors d’un concours de mode qu’il avait organisé. Une expérience intense, toujours très présente en moi. C’est cet éclair d’allégresse et félicité que je souhaite reproduire en faisant vibrer le cœur des gens à travers la mode. »
Styliste Designer : Nakata Katsuki / Photographe : Shania Lim
La Noble Nature de Laure Chevrier
Il y a dans les teintes ocres, terreuses, mousseuses et laineuses sélectionnées par Laure Chevrier pour sa collection dédiée à la noblesse de la nature, tout un panorama qui se developpe, des chemins de campagne qui serpentent jusqu’à une ligne d’horizon cernée par les feuilles rousses de l’automne, le bellement des troupeaux et les brumes de l’aurore. Les 10 silhouettes imaginées par l’étudiante paraissent confectionner dans le substrat des nuages, les couleurs de l’orage et l’asymétrie du vivant. Car le relief et la consistance des étoffes attestent une réflexion approfondie sur la singularité de la matière, sur l’importance de sa provenance et la qualité de son exécution. « Ma collection incarne ma définition de la mode qui doit être élégante et raffinée tout en s’appuyant sur des matières nobles, naturelles et surtout respectueuses de l’environnement, des humains et des animaux. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité mettre en avant l’artisanat, le fait-main et sa délicate irrégularité.» Ces valeurs chevillées au corps transparaissent effectivement au sein de cette collection qui produit, grâce à l’ampleur des volumes, la douceur des modelés , la finesse des associations et la sollicitation de tous les sens, une grande impression de sérénité. « J’ai toujours été attirée par les vêtements et leurs matières. Je pense que le vêtement est « thérapeutique » car il peut aider à se sentir bien et donc faire grandir notre confiance en nous même. »
Styliste Designer : Laure Chevrier / Photographe : Franck Levey
« Les Vilains Gamains » de Leane Cauchie
Dans la myriade de bouts d’étoffes recyclés qui ont permis à Leane Cauchie d’édifier sa collection « Les Vilains Gamains » se nichent des superpositions de sensations qui ont chacune leurs couleurs, leur rendus, leur atmosphère, leurs années de formation. Comme si, à la manière de la madeleine de Proust, le vêtement était capable de porter dans ses particules insaisissables l’immense édifice du souvenir. Un patchwork de souvenirs constituant le vestiaire d’une mémoire et prouvant un art déjà maitrisé de la narration créative. « Le but, c’est d’imaginer de nouvelles histoires, de créer par-dessus l’existant, d’offrir une deuxième chance aux vêtements oubliés, indique l’étudiante. Je voulais une collection alternative et écoresponsable qui aborde l’habillage comme un acte amusant, expressif, inclusive, mixte et authentique. Une collection entièrement réalisée à partir de tissus upcyclés pour rendre fier le gamin qu’on était hier et aider à améliorer le monde de demain. » Un pan de jeans, un morceau de velours paraissent disposer à nous rappeler, si on les écoute, les cours de récréation. « Etant une grande nostalgique, je suis très attachée aux lieux et aux objets significatifs de mon passé, pas parce que «tout était mieux avant » mais parce que j’aime rester une grande enfant et que cela m’apporte du réconfort. J’essaye de retranscrire ces souvenirs dans le présent à travers par exemple des vêtements décalés, kitsch et avec toujours une petite touche de second degré. Mon inspiration vient du monde l’enfance, de la dualité des histoires qu’on nous racontait, et qui cache entre leurs lignes une face sombre et dérangeante. C’est un mélange entre l’univers de Tim Burton et les garçons perdus de Peter Pan. Il y a donc en référence à ces univers un travail de patchwork important qui permet aussi de jeter le moins possible de matière. » L’éco-responsabilité se concilie à merveille avec la poésie.
Styliste Designer & Photographe : Leane Cauchie
« La Cabine d’Essayage » de Theo Acquistapace
Entre le corps et le vêtement, s’étend un univers en expansion qui lui-même fait orbiter autour de son centre de gravité – le style – une myriade de possibilités qui sont autant de galaxies créatives propice aux dialogues et à l’alchimie. C’est l’arc narratif développé avec beaucoup d’adresse par Theo Acquistapace qui développe une myriade de silhouettes alternant le chaud et le froid, l’attrait et le recul, la symbiose et l’adaptation. Une science du story-telling d’autant plus remarquable qu’elle est parfaitement synthétisée par une accroche claire et un concept percutant : la cabine d’essayage. « L’idée de cette collection est de mettre en lumière un lieu commun, familier, connu de tous. Un lieu où se déroule la première rencontre entre l’Homme et le Vêtement. Un lieu de choix, d’hésitation, de désir. La cabine d’essayage a cette connotation de lieu exigu et d’arrière-plan dans le mental collectif, alors qu’au travers de mes recherches et des différentes pistes explorées, j’ai découvert un thème ouvert, large, et dont les approches possibles sont variées. » Effectivement, l’étudiant, qui souhaite se diriger vers un master fashion design pour poursuivre le développement de son regard et de sa technique avant d’intégrer idéalement une marque créateur, spécialisée dans le prêt à porter masculin, que ce soit dans le département stylisme ou modélisme, introduit de remarquables variations sur le theme du déshabillage où les volumes se jouent des proportions, des finitions, des tailles, des décrochages, des superpositions également, pour galvaniser la sensualité des portés.
Styliste Designer : Théo Acquistapace
« The Day After » de Victoria de Looz
L’éclair se produisit dans l’atelier de Haute-Couture de Givenchy. « C’était la premiere fois que j’y pénétrai. J’ai été confondue de surprise et d’admiration devant le savoir-faire des petites mains en blouse blanche, devant leur minutie. Je revois les tables débordantes de tissus précieux et de papiers de soie, les modèles qui pendent aux portants n’attendant qu’à être finis, des croquis plaqués aux murs, cette effervescence mélangée au son de machines en fonctionnement. C’est vraiment à ce moment-là, que j’ai compris que je voulais travailler dans la partie créative du secteur de la mode. » Cette minutie, cette volonté d’excellence excécutée dans les moindres détails s’expriment effectivement dans le projet « The Day After » imaginée par Victoria de Looz. Une excellence traduite dans le choix des matières, luxueuses, dans l’emploi de savoir-faire rare (cuir embossé, art du corset, tissus peints à la main) et dans la volonté de produire un vestiaire qui s’extirpe des tendances pour se focaliser sur l’allure. « Tous mes tissus viennent de Dead stocks des grandes maisons de couture, qui offrent la possibilité aux étudiants d’accéder à des fins de rouleaux de tissus de qualité permettant de leur donner une deuxième vie. De plus, je cherche à promouvoir le slow fashion en créant des vêtements faits pour perdurer dans le temps. » La premiere collection de l’étudiante, baptisée « Berlin Underground » explore la singularité d’une ville multiculturelle. « Pour ma collection, je suis partie des grands classiques, volant les pièces iconiques du vestiaire masculin, le trench, le tailleur, le pantalon pour les retravailler en créant une nouvelle silhouette imposante mais féminine ». La femme fatale revisitée.
Styliste Designer : Victoria de Looz
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