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GIRARD-SHOP : L’ECO-RESPONSABILITÉ AU CŒUR DE LA CRÉATION

Dernière mise à jour : 27 avr. 2022

Comment faire une mode vintage d’aujourd’hui, mais avec des tissus recyclés d’hier ? C’est le challenge que se sont lancés Eva et Nathan Cape avec Girard-Shop. Une marque hommage à leurs grands-parents (d’ou le nom de Girard), qui est aussi une histoire de famille.

Eva Cape, creator of Girard-Shop

Ici tout le monde met la main à la pâte. Même maman s’occupe de la comptabilité de Girard Shop ! Si Nathan, encore étudiant en école de commerce, est le bras droit marketing et communication de la marque, la création repose sur les épaules de sa soeur Eva. C’est elle qui a suivie la double formation de stylisme-modélisme à Esmod Roubaix de 2014 à 2017. « Depuis toute petite, je suis immergée dans la mode, ma mère adorait m’habiller de la tête aux pieds, quand à ma grand-mère, ancienne Miss, elle m’a fait découvrir mes premiers magazines de mode ».

Forte d‘un bac professionnel “Métiers du Vêtement”, Eva Cape est immédiatement sensible aux questions liées à l’environnement. Consciente que chacun a un rôle particulier à tenir face à ces enjeux, Eva développe ses connaissances écoresponsables tout au long de sa scolarité. Les patronages anciens attirent particulièrement son attention. Sa première collection masculine à Esmod s’inspire des codes vestimentaires des années 30.

Officiellement créée en décembre 2019, Girard-Shop est basée à Calais, mais rayonne bien au-delà de la région car très présente sur Instagram et Facebook.


Création masculine à partir de tissus vintage Girard-Shop

Planet Esmod : Comment définiriez-vous Girard-Shop en quelques mots ?

Eva Cape : Je m’inspire vraiment des codes vestimentaires du passé. Je chine des patrons anciens sur Etsy et dans des braderies. Nous les retravaillons légèrement afin de les adapter aux critères de la mode actuelle, tout en conservant leur esprit vintage.

Dès l’école, ma collection Girard de fins d’études était destinée à ‘Un homme qui n’aime pas la société actuelle et qui se rattache aux racines culturelles du passé’. L’esprit de mes créations n’a pas changé !

Nathan Cape : La marque est essentiellement constituée de tissus de seconde main. C’est ce qui la rend écologiquement viable. Le style vintage est également au cœur de ses propositions.

P.E. : Ou avez-vous réalisé votre stage de fin d’études ?

Eva : En fait, j’ai trouvé directement un travail chez Vestiaire Collective lorsqu’ils se sont implantés sur Tourcoing. J’y suis resté deux ans et demi. Mais en parallèle, je travaillais déjà sur Girard, essayant de développer la marque avec mon frère. Lancer ma ligne de vêtements a toujours été mon ambition première et surtout en famille. Ma collection de fin d’année à Esmod Paris portait déjà le nom de Girard. Je me suis spécialisée en troisième année d’Esmod en mode masculine, mais les deux années précédentes j’avais aussi étudié la mode féminine, c’est pourquoi j’ai lancé une marque entièrement mixte.


Nathan Cape dirige les aspects marketing de l'entreprise familiale mais peut aussi devenir mannequin à l'occasion.

P.E. : Les tissus semblent essentiels à vos recherches. Comment est composée votre collection ?

Nathan : La moitié est fabriquée en tissus recyclés de seconde main et l’autre moitié en tissus neufs mais éco-responsables. Le plus souvent, les tissus de seconde main sont neufs aussi, c’est juste qu’ils n’ont jamais été utilisés. Ce sont des fins de séries de tissus de créateurs, des fins de rouleaux, des stocks dormants, etc.

Eva : Je réalise mes créations à partir de tissus anciens, mais dans le futur, j’ai l’ambition de retravailler aussi des vêtements anciens déjà finis afin de les moderniser.

P. E. : Ou trouvez-vous ces trésors du passé ?

Eva : les Tissus de fin de séries des créateurs, nous les trouvons à Roubaix, Lille, Laon, Paris. Sinon on trouve également des fins de rouleaux chez Emmaüs, dans des usines locales également. A terme on pourrait aussi réaliser des vêtements à partir des chutes de tissus des clientes.

P. E. : Comment organisez-vous la fabrication des collections ?

Eva : Au début je faisais tous les vêtements moi-même, puis nous avons décidé de travailler avec un atelier de réinsertion professionnelle sur Calais. Atelier qui est également présent sur Laon, ou l’organisatrice de cet atelier possède aussi beaucoup de tissus, issus d’anciens stocks dormants.


« Les cours d'Esmod m’ont apporté une certaine maturité, mais surtout un vrai professionnalisme ». Eva Cape


P. E. : C’est bien de travailler en famille ?

Eva : Oui, c’est top ! On s’entend bien avec mon frère, ça permet de se dire les choses directement. La confiance est là, donc c’est important.

P. E. : Nathan, imaginiez-vous aussi travailler dans la mode auparavant ?

Nathan : Initialement pas vraiment. Mais je voulais créer un projet personnel indépendant. Et j’ai toujours aimé la mode malgré tout, à travers ma sœur. Donc nos envies se sont parfaitement rencontrées. Et je découvre que j’aime aussi beaucoup la mode.


Une création estivale et féminine Girard-Shop

P. E. : Comment définiriez-vous vos rôles respectifs ?

Eva : On se complète tellement que c’est difficile à définir comme ça.

Nathan : On touche un peu à tout, tous les deux, mais Eva c’est davantage côté stylisme, modélisme et création. Des domaines où elle me demande aussi parfois mon avis. Moi, je suis davantage sur la logistique, la commercialisation, le marketing. Mais je la consulte aussi. On travaille vraiment ensemble tout le temps.

P. E. : Eva, qu’est ce que les cours à Esmod vous ont apporté ?

Eva : Une certaine maturité mais surtout un vrai professionnalisme. Ces études, c’est énormément de stress, d’organisation, on est lancé dans le bain dès le premier jour. Mais ça m’a apporté beaucoup, car c’est comme ça que ça se passe dans la vie professionnelle. Par rapport au lycée, c’est un autre monde. Entre les stages, les rencontres, le travail à réaliser a la maison, ça m’a apporté avant tout de la maturité. Le fait que les professeurs d’Esmod aient tous travaillé dans le milieu de la mode, pour des grands couturiers et continuent même parfois à le faire, ça change tout. Mes professeurs de modélisme m’ont apporté énormément, par exemple en terme de savoir-faire.

P. E. : Quels conseils donneriez-vous aux actuels étudiants d’Esmod ?

Eva : Pour moi ça a été difficile de passer du Lycée à Esmod. Il faut donc s’accrocher dès le départ. Prendre les choses au sérieux immédiatement: la on ne joue plus ! Ensuite, il faut savoir persévérer surtout lorsqu’on a un rêve bien particulier. Mais si c’était à refaire, je repasserais encore par cette école.


Eva Cape dans son atelier calaisien

P. E. : Comment imaginez-vous Girard dans le future ?

Nathan : J’espère que la marque aura grandie. Et surtout gagnée en notoriété, tout en gardant sa structure familiale. On aimerait aider les gens à mieux consommer, à changer leur façon d’appréhender la mode.

Eva : Aujourd’hui les marques éco-responsables s’implantent de plus en plus sur le marché. Je pense que c’est plus qu’un effet de mode justement. Notre avenir est là.

P. E. : Imaginez-vous une boutique réelle Girard Shop à l’avenir ?

Eva : Oui on aimerait pouvoir ouvrir un vrai magasin, mais seulement quand on aura bien lancé la marque. Plusieurs boutiques même !



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