Personne n’aurait pu anticiper, il y a quelques années encore, la vigueur et la force avec lesquelles le sportswear et ses déclinaisons (l’activewear, le streetwear, etc.) allaient marquer de leur empreinte le marché du luxe. Personne ? Pas tout à fait. Avant même l’explosion des collaborations ultra-médiatisées entre les grandes marques prestigieuses et les fers de lance du mouvement streetwear (comme par exemple le label Supreme ou le designer Virgil Abloh pour ne citer que les plus connus), l’engouement d’un public de plus en plus vaste pour les créations d’Alexandre Guarneri et de sa marque Homecore laissait présager le décloisonnement progressif entre d’un côté, les élégants vêtements citadins, et de l’autre côté, les “fringues de rues”, confortables et généralement associés à la mouvance hip-hop.
Ce décloisonnement est définitivement obsolète. La mode et le luxe célèbrent désormais avec enthousiasme et considèrent avec attention tout ce qui s’apparente à une vision urbaine empreinte d’un sportswear racé et ludique.
Par la diversité des tempéraments et des parcours qui caractérisent le panel des étudiants intégrant chaque année le réseau Esmod, cette prédilection nouvelle pour le streetwear luxe était déjà bien visible chez certains des étudiants de l’école, dès l’émergence de ce mouvement. Une prédilection encouragée par Esmod qui, au-delà d’enseigner aux élèves les points essentiels à la création (et la vente) d’une collection, prodigue également dans son parcours éducatif, les instruments intellectuels et artistiques nécessaires à la formation du gout et à son épanouissement au sein d’un univers créatif singulier et cohérent.
Lily Schreckinger a manifesté très tôt un gout prononcé pour le streetwear. Il faut dire que la convergence des cultures semblait bien naturelle pour cette étudiant Esmod de nationalité franco-américaine. “D’un côté, je vis avec une vision Parisienne élégante et sobre, et de l’autre, j’ai grandi avec une vision New-Yorkaise forte et libérée. » Cette aptitude à aiguillé l’étudiante lors de ses années passées rue de la Rochefoucauld à conjuguer ces deux modes de vie grâce à l’étendue des travaux effectués lors de sa scolarité. L’étudiante a tout d’abord forgé ses dispositions spontannées en les renforçant par l’analyse et l’exploration assidues des maitres du streetwear, du casualwear et de l’activewear. Pour finaliser sa collection Graduate, Lily a approfondi ses connaissances ; elle parle aujourd’hui de ce mouvement avec aisance et pertinence : « le casualwear puise une partie de son inspiration du sportswear, tout comme il a inspiré la mode de la jeunesse afro-américaine à partir des années 1970. La mode et la musique hip-hop avaient de très forts liens, c’était une façon d’exprimer leur ressenti d’exclusion et de vie quotidienne face aux barrières raciales aux États-Unis après la déségrégation en 1968. Les volumes et codes de leur expression personnelle pendant cette période de l’histoire est au centre de ce dossier. Rééxploiter la mode qu’ils ont créé depuis les rues de New York mais avec des textiles moins nobles et plus techniques, et même des matières. »
Dans sa collection de fin d’année, Lily, qui s’est spécialisée dans le menswear, mêle avec justesse des propositions alliant les notions aussi divers et délicates à traiter que sont le Color Block, l’oversized, le minimalisme, la fonctionnalité, la lumière, les superpositions. Le tout évoque aussi bien l’héritage de Dapper Dan que celui de Shirt Kings ou de Sean Combs. “Ma collection se prénomme Tender Gangster. Elle est inspirée par les gangsters américains des années 60s-70s, j’y ajoute les textures de la peau pour l’inspiration de mes créations matières. Les matières sont douces, j’utilise des lainages, du velours et de la fausse fourrure. Les découpes et détails sont travaillés en biseaux. Tout ceci illustre le contraste d’une opposition entre la douceur et la brutalité”. La collection, très réussie, révèle une silhouette contemporaine et structurée, qui fait la part belle à l’alliance du casual et du citywear. Un site internet dédié, entièrement consacré à cette collection, atteste le sérieux de l’exécution et la précision de vision développés par l’étudiante d’Esmod Paris.
Une justesse remarquable et effectivement remarquée puisque Lily a d’ores et déjà intégré, depuis avril dernier, la maison de ses rêves : le fameux label Homecore, graal absolu de tous les amateurs de streetwear pointu. L’ancienne esmodienne est assistante collection et service technique. Un poste stratégique permettant à la fois de déployer un large panel de compétences mais aussi de peaufiner des connaissances précieuses auprès d’un label qui connait depuis plusieurs décennies, dans de nombreux pays, un succès commercial ininterrompu. Lily a désormais, grâce à l’application qu’elle a démontrée lors de ses études, toutes les cartes en main pour vivre pleinement sa passion. Une preuve supplémentaire que tous les gouts sont bienvenus dans la Mode : seuls comptent vraiment, l’esprit de sérieux qui préside à leur développement et la rigueur dans le travail qui accompagne leur mise en application.
Lily Schreckinger : Passion Streetwear
A few years ago, nobody could have anticipated the vigor and strength with which the sportswear and its variations (activewear, streetwear, etc.) would make their mark on the luxury market. Nobody? Not at all. Even before the explosion of ultra-publicized collaborations between prestigious brands and the spearheads of the streetwear movement (to name only the best known - such as the Supreme label or the designer Virgil Abloh), the enthusiasm of grand public for the increasingly large creations of Alexandre Guarneri and his brand Homecore foreshadowed the progressive decompartmentalization between stylish urban clothes on one side, and - on the other side, the "street clothes", comfortable and generally associated with the hip-hop movement.
This decompartmentalization is definitely obsolete. Fashion and luxury now celebrate with enthusiasm and consider with attention everything that is similar to an urban vision imbued with a racy and playful sportswear.
With the diversity of temperaments and backgrounds that characterize the panel of students who join the Esmod network every year, this new predilection for luxury streetwear was already visible in some of the students of the school, since the very emergence of this movement. A predilection encouraged by Esmod which, beyond teaching students the essential points of the creation (and sale) of a collection, also provides the intellectual and artistic instruments necessary for the formation of taste and its fulfillment of a singular and coherent creative universe in their educational career.
Lily Schreckinger showed a very early taste for streetwear. It must be said that the convergence of cultures seemed very natural for this Esmod student of French-American nationality. «On one side, I live with an elegant and sober Parisian vision, and on the other, I grew up with a strong and liberated New York vision» This aptitude has led the student during her years at rue de la Rochefoucauld to combine these two ways of life thanks to the extent of the work done during her education. First of all, the student has forged her spontaneous dispositions by reinforcing them with the constant analysis and exploration of the masters of streetwear, casualwear and activewear. To complete her Graduate collection, Lily deepened her knowledge; today, she talks about this movement with ease and relevance: "casualwear draws some of its inspiration from sportswear, just as it inspired the fashion of the African-American youth from the 1970s. Fashion and hip-hop music had very strong ties, it was a way of expressing their feelings of exclusion and daily life in the face of racial barriers in the United States after the desegregation in 1968. The volumes and codes of their personal expression during this period of history is at the center of this issue. I want to re-use the fashion they created from the streets of New York but with less noble and more technical textiles, and even materials."
In her end-of-the-year collection, Lily, who specializes in menswear, rightly mixes the proposals combining notions as diverse and delicate to deal with as Color Block, oversized, minimalism, functionality, light, overlays. It's all about Dapper Dan's legacy as well as of Shirt Kings or Sean Combs. "My collection is called Tender Gangster. It is inspired by American gangsters of the 60s-70s, I added the textures of the skin for the inspiration of my creations. The materials are soft, I use wool, velvet and faux fur. The cuts and details are worked in bevels. All this illustrates the contrast of an opposition between gentleness and brutality". The very successful collection reveals a contemporary and structured silhouette, which gives pride to the alliance of casual and citywear. A dedicated website, entirely devoted to this collection, attests the seriousness of the execution and the precision of vision developed by the student of Esmod Paris.
A remarkable accuracy was surely noticed, since Lily has already joined the house of his dreams last April: the famous label Homecore, the absolute grail of all fans of sharp streetwear. The former Esmodian is an assistant for collection and technical service. A strategic position to both deploy a wide range of skills but also to refine valuable knowledge with a label that for decades has experienced an uninterrupted commercial success in many countries. Lily has now, thanks to the application she demonstrated during her studies, all the cards in hand to fully live her passion. An additional proof that all tastes are welcome in Fashion: only the spirit of seriousness really counts, since it presides over the development and the rigor in the work that accompanies the implementation.
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