ESMOD Paris s’est associée au concept store parisien pluridisciplinaire The Norm, piloté par Michael Hadida, pour mettre en lumière des créations écoresponsables réalisées par six étudiants de 1ere année.
La mode n’a aucun secret pour Michael Hadida. De L’éclaireur, concept-store mythique fondé par ses parents à The Norm, un espace innovant destiné à accueillir les designers, les artisans et même les artistes, en passant par le développement du salon professionnel Tranoi, la carrière de ce grand professionnel de la création s’est toujours articulée autour d’une aptitude à la curation et la mise en avant d’univers singuliers. Cette volonté de sortir des sentiers battus s’épanouit dans une collaboration initiée avec l’établissement parisien du groupe ESMOD International et les étudiants de 1ere année de la formation Styliste designer mode.
La spécificité de cette collaboration ? La création raisonnée. Un thème en adéquation avec la nature de the Norm. « C’est un lieu où les matériaux recyclés sont partout. Les parois entremêlant la tôle et le carton environnent une œuvre sculpturale en bois et des portants chargés de propositions substainables, c’est-à-dire des pure players qui vont se sourcer de façon responsable. Il était important pour moi que l’écrin fasse parler autant le fond que la forme. » indique l’entrepreneur. La devanture de l’espace développe une remarquable expression du travail artisanal représenté par le design, l’art de la table, la poterie et même la céramique.
Tous les créateurs de mode présentés au sein de The Norm ne travaillent pas systématiquement de manière responsable. D’où l’importance accordée par Michael Hadida au principe de la collaboration qui permet d’amener des designers sur la voie de la création raisonnée. « Nous essayons avec l’expérience The Norm de pousser au maximum la sensibilisation aux questions globales concernant la responsabilité, vaste mot qui englobe bien sur les problématiques environnementales mais aussi les questions liées au monde du travail et des relations entre les personnes. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place 10 règles qui constituent notre ADN, et que nous nous imposons à nous même mais aussi à nos partenaires. Ces règles, nous l’espérons constituerons un jour la norme dans le domaine du textile. »
The Norm apparait donc comme l’espace idéal pour entamer cette discussion autour de l’éthique. « Tout commence finalement par les étudiants, analyse Michael Hadida. Ils incarnent la nouvelle génération qui va bientôt arriver sur le terrain. Grace à ESMOD, nous avons eu accès à 150 pièces conçues selon les principes de l’éco-responsabilité par les élèves. Nous avons trié sur le volet 10 outfit sur le thème du hoody recyclé. Nos critères de sélection se sont portés sur des pièces qui soient à la fois vendables, portables et esthétiques tout en étant unique en son genre. Un exercice de style difficile. Chaque pièce développe un procédé d’assemblage différent et raconte une histoire singulière - ce qui est très important pour nous en tant que retailler car cette histoire représente une valeur ajoutée. »
Les créations sélectionnées donnent une vue d’ensemble des propositions développées par les élèves de 1ere année. Bob Sarraf, étudiant libanais arrivé à Paris cette année, a recyclé un tablier russe et un ancien sweat pour imaginer un hoddy teint en vert (nature oblique) et que désaltère, sur le dos, de larges pans d’étoffes couleur azur. Célia Etzol s’est appropriée les codes du sweatshit pour créer un maillot de basket, d’ores et déjà vendu, pour lequel l’étudiante française a surmonté avec brio les embuches tendues par les surjeteuses et les surpiqures nécessitées par cette pièce au tomber parfait. La laine et la toile des doubles manches bordant le sweat en molleton de coton bio réalisé par Lélia Vicens provient à la fois des fripes et des chutes issues de ses cours de modélisme : recyclage intégral jusqu’aux cordons provenant d’une pelote de laine retrouvée chez l’étudiante de 1ere année. Venue d’Argentine tout spécialement pour intégrer l’école parisienne, Martina Coco a puisé dans le marché de la seconde main et dans son vestiaire personnel les matériaux permettant de confectionner à la main les plumetis de denim qui constellent sa création inspirée par la pureté de la naissance.
L’italienne Roberta Esposito, pour son projet baptisé Land of Fire, a souhaité quant à elle sensibiliser le public à la problématique des déchets toxiques ensevelis dans le centre de la péninsule avec sa création en jersey recouverte d’organza provenant du recyclage. Sarah Lissane, enfin, a mobilisé 164 carreaux de denim provenant de ses vêtements anciens de sa famille pour composer un patchwork saisissant qui se détache sur un hoody dont la doublure moelleuse provient d’une flanelle parvenue jusqu’à l’étudiante grâce à une amie de sa maman. Des créations différentes mais portant tous le même message : l’éco-responsabilité est synonyme de créativité. Le public est visiblement sensible à cette démarche. « Les gens sont ravis de voir qu’ils ont affaire à des pièces uniques réalisées par des étudiants d’ESMOD, conclue Michael Hadida. Pour ma part, je suis heureux de mettre en avant cette création. Les étudiants quant à eux se réjouissent d’etre dans un lieu qui leur donne un avant-gout de la réalité du marché. Leurs créations ont toute leur place chez The Norm. »
Crédit photo : projet éco-responsable de Célia Etzol, étudiante ESMOD 1ere année Stylisme Designer Mode, pour The Norm.
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