Ne vous fiez pas à leurs silhouettes juvéniles et à leur enthousiasme inépuisable qui pourraient indiquer que Louis Gerin et Gregory Lamaud sont de jeunes créateurs. Car les deux complices qui se sont connus sur les bancs d’Esmod Paris en 2000 pour ne plus jamais se quitter, ont déjà énormément d’expérience et sont des figures reconnues et respectés de la profession comme le prouve par leur travail en tant que Directeur Artistiques pour MesseFrankfurt et les salons Texworld, ou encore les nombreuses conférences et tables rondes qu’ils animent aussi bien à Paris que Bangkok, ou New York. Leur franc-parler et leur refus des compromissions leur ont récemment valus d’être placés à la tête du « Fre(n)sh Fashion Committee », une association de huit marques , créée pour accompagner les jeunes créateurs dans leurs démarches. Quant à leur marque « Les Garçons », pour laquelle ils dessinent, conçoivent, produisent et commercialisent des sous-vêtements, du streetwear et de l’homewear masculin, elle atteste un grand savoir-faire, une profonde recherche sur les plus belles et les plus récentes créations en matière de textile, mais aussi un superbe travail de réflexion sur l’esthétique, le confort et l’histoire de la mode.
Travailleurs infatigables, passionnés, sincères et audacieux, Louis et Grégory ont pris néanmoins le temps de se remémorer avec nous leurs années Esmod.« Aucun souvenir ne dépasse vraiment le ressenti général formidable d’une scolarité Esmodienne, expliquent-ils en cœur. Nous parlons ici d’un tout, d’une expérience qui vous absorbe et vous construit totalement pendant trois ans : on troque nos livres de lycée contre Vogue et Numéro (pour lesquels d’ailleurs la méthode de lecture est bien différence de celle que nous imaginions), on vous donne les clefs de votre personnalité pour structurer un univers souvent très brouillon ou encore en sommeil, on vous transmet la passion du vêtement à travers la technique et une méthode de coupe originale. Et surtout, on vous immerge dans l’univers de la mode à travers cette ville magique qu’est Paris. Plutôt qu’un souvenir, c’est surtout une ambiance qui émerge : la richesse née du mélange des cultures, la liberté de créer, les « nuits blanches » dédiées à la Couture, le stress des rendus de projet, les premiers défilés en tant qu’habilleur. Bref, tous les ingrédients d’une scolarité magique et intense en travail. Louis explique toujours, quand on lui demande à quoi ressemble une école de mode : ‘Tu vois Fame ?’. Mais au-delà de tout cela, notre plus beau souvenir restera bien sur notre rencontre sur les bancs de l’école ».Vous êtes désormais des professionnels reconnus. Si vous deviez chercher un assistant qui sortirait juste de l’école, quels qualités souhaiteriez-vous trouver en lui? « Question plutôt difficile: un créateur à la recherche d’un assistant recherche avant tout un type de personnalité. Pour nous deux, un bon assistant doit comprendre le style de la maison pour laquelle il travaille, être professionnel, et efficace. Aujourd’hui, avec les mutations rapides du marché du textile et ses complexités, le choix pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail est pratiquement inexistant. Et les débuts de carrière sont souvent bien différents des rêves de départ. Il est donc primordial d’être passionné et de toujours persévérer. Se fixer un objectif, se créer un réseau, et laisser le destin guider la route, sans jamais oublier de prendre en considération de façon raisonnée chaque opportunité ».
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