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Rosemary Rodriguez : La mode éthique, c’est maintenant !

Christian Dior, Paco Rabanne, Thierry Mugler,… Le CV de Rosemary Rodriguez fait rêver. Après Esmod, cette directrice de création et consultante française d’origine espagnole a travaillé pour les plus grands designers. A travers sa société Ama Consulting Agency, elle conseille désormais de nombreuses marques. Elle définit de nouvelles orientations de développement, organise les studios de créations, participe à l’élaboration de projets plus éthiques et responsables. « Je suis exigeante là-dessus, et depuis bien avant que cela devienne un sujet d’actualité, affirme t’elle. Aujourd’hui, c’est incontournable ».


Rosemary Rodriguez. Photo : Manon Gardelle

Pour Planet Esmod, cette professionnelle passionnée raconte son parcours sans faille et dans fard : « Je suis née dans la mode : ma mère était première d’atelier chez Guy Paulin. Elle a également travaillée avec Jean-Paul Gaultier et pour Paule Ka. Dans mes souvenirs d’enfance, il y a maman et ses doigts de fée en train de faire du moulage de vêtements… Moi, j’avais envie de faire quelque chose d’artistique, sans doute en lien avec les matières et les formes, mais c'était encore abstrait. J’ai donc d’abord suivi les cours de l’école Penninghen (Identité Visuelle, Design Intérieur), puis je suis entré à Esmod. J’y ai suivi des cours de Style et de Textile. Le cursus complet se déroulait alors sur deux ans. Ça a provoqué un déclic chez moi et Esmod a confirmé ma vocation. »

Travaillant immédiatement après l’école, Rosemary Rodriguez entre au CIM (le Comité de Coordination des Industries de la Mode), un bureau de style alors dirigé par Nelly Rodi. Rosemary y remplace Li Edelkoort, afin de visionner les grands courants de mode et définir les tendances à venir. Une expérience primordiale qui la met en position d’intégrer la maison de couture Christian Dior. Responsable de la création et de la coordination du style femme, elle fait partie de l’équipe du designer Gianfranco Ferré qui venait d’arriver dans cette maison. Là, elle gère le département accessoires et une partie de la mode, les créations en direct et sous licences. Elle y reste 5 années, un chiffre récurrent chez elle.

Forte de cette expérience formatrice au cœur de la couture, elle entre chez Thierry Mugler. Déjà à l’époque, le créateur est lassé de la surproduction créative et du rythme accéléré des collections. Il ne voulait intervenir que lorsqu’il avait quelque chose de nouveau à ajouter. Il se met en quête d’un bras droit capable de gérer la création et le studio : Rosemary va gérer les collections au quotidien. Elle lance la seconde ligne « Mugler » : une déclinaison accessible, en terme d’esthétique et de prix, des collections Thierry Mugler. Un concept plus démocratique et abordable soutenu par le nouveau propriétaire de la griffe, le groupe Clarins. « J’avais carte blanche, se souvient Rosemary, et j’ai vraiment aimé repenser l’esprit Mugler pour un plus grand nombre de femmes. » Après 5/6 ans ici, elle intègre la maison Paco Rabanne en 2000 à la direction de la création. Le groupe Puig à qui appartenait la marque avait arrêté les collections couture et voulait lancer une ligne de prêt-à-porter premium. Sa rencontre avec le CEO de l’époque, Remi Clero se révélera déterminante. A la tête d’une petite équipe elle va réinventer la marque. L’esprit start up d’aujourd’hui rayonne déjà ici. L’atelier intégré permet également toutes les libertés. La encore, elle y reste 5 années a imaginer et créer des collections avec passion.


Lors d'une scèance de travail pour La Redoute

Forte de ce nouvel acquis, elle crée sa propre agence de mode : Ama Consulting Agency. « Ama en espagnol, c’est à la fois l’Âme, la mère, la maison, l’accueil… dit-elle. J’avais envie d’un nom connecté avec l’humain en général et avec le côté féminin en particulier. C’est une petite structure agile et flexible où je travaille depuis avec un collectif de talents, en fonction des différents projets. »

En 2006, le président de Penhaligon’s (le même Remi Clero avec qui elle travaillait chez Paco Rabanne), la fait venir à Londres pour réveiller cette belle endormie de la parfumerie anglaise. Durant plus de 4 ans comme Directrice Artistique elle s’y emploie en découvrant un univers inédit pour elle. Une forme de mise en danger qui lui permet d’apprendre encore et toujours. Les voyages hebdomadaires à Londres la rendent également plus flexible et nomade. Elle en profite pour imaginer une ligne d’objets cadeaux en lien avec des artisans spécialisés. Un rapport aux ateliers et à la main de vrais professionnels qui, en plus de l’expérience des parfums, rend sa collaboration encore plus enrichissante.

Parallèlement, Rosemary retourne chez Thierry Mugler en 2008, afin de relancer la ligne Mugler, mais également de gérer la collection masculine de la marque. Un domaine qui lui est alors peu connu mais dont elle s’enrichie à nouveau. « J’aime bien faire des choses que je n’ai jamais réalisés auparavant. »

Elle enchaine ensuite les missions ponctuelles, toujours au rayon créatif : définissant des ADN de marques, travaillant sur les concept mode et image, mais aussi gérant les équipes au sein des différentes maisons.

Planet Esmod : En quoi consiste votre métier aujourd’hui ?

Rosemary Rodriguez : Mon rôle de consultant consiste en un travail en amont de réflexion sur le projet : comment je perçois la marque, comment il serait possible de la faire évoluer, etc. Puis en interventions sur le terrain afin de mettre en place les équipes qui vont se conformer à cette évolution ; en recrutant des profils différents parfois qui vont pouvoir porter le projet. Ces missions peuvent durer un an, deux ans ou plus. Je travaille également sur les produits, les collections elles mêmes. J’aime relancer et projeter dans l’avenir des marques qui ont une histoire, et la difficulté que ça représente parfois. Il faut savoir réinventer l’histoire d’une marque afin de la conjuguer au présent.

P. E. : Chez qui concrètement ?

R. R. : Pour La Redoute récemment, ou je suis intervenu sur la relance d’une ligne de prêt-à-porter, dans un esprit populaire et désirable. Je suis intervenu aussi pour le lancement de jeunes marques, comme Alain Tondowski ou Jacqueline Coq. Mais également chez Tara Jarmon et Longchamp par exemple. Chez Longchamp, l’idée était de lancer une ligne de prêt-à-porter, en plus des sacs et accessoires déjà existants. D’autres grandes marques, qui veulent rester plus discrètes me font aussi travailler sur l’évolution de leur concept de marque, sur l’intégration des tendances, l’image des produits, etc. Chez Comptoir des Cotonniers, on m’a fait venir pour réaliser une collection capsule, sur une saison, mais qui pouvait se développer facilement dans le temps avec d’autres profils créatifs, différents chaque saison. L’arrivée d’une nouvelle directrice artiste a mis fin à ce développement. Dans la vie d’une entreprise ça peut arriver aussi...


Rosemary en backstage chez Jacqueline Coq

P. E. : La dimension éthique semble être essentielle pour vous. De quelle façon pouvez-vous l’imposer dans des univers souvent plus sensibles aux profits qu’à la propreté des moyens ?

R. R. : En effet, les démarches éthiques et responsables ne sont pas toujours faciles à faire comprendre dans toutes les maisons de mode. Ce sont cependant des approches qui m’intéressent vraiment. Même si c’est difficile à cause des enjeux économiques. Par contre c’est une évidence incontournable. C’est l’avenir et même mieux : c’est maintenant ! On peut fonctionner comme une industrie et avoir une conscience, un respect de l’humain et de l’environnement. On peut avoir à la fois le sens de l’innovation et de l’inclusion. Etre agile, mais pas n’importe comment. Par exemple, c’est un peu absurde de produire autant de produits nouveaux aux rythmes actuels. Quand j’ai commencé on produisait deux collections par an, pas six !

Récemment j’ai travaillé sur un très joli projet de lancement d’une marque éthique, Secteur 6, une mode régénérative à base de matières éco-responsables avec une approche artisanale. L’humain et l’éthique font parti de mon ADN depuis bien avant que ça devienne un sujet à la mode. Chez Paco Rabanne, comme à La Redoute j’ai monté des projets avec des associations et des fondations de femmes en difficulté par exemple.

P. E. : Des rencontres particulières ont jalonné toute votre carrière, en quoi sont-elles essentielles ?

R. R. : Pour moi, l’humain est primordial. Les rencontres, les opportunités, le collectif, la manière de travailler en équipes : ma carrière n’a été faite que de rencontres. Il faut aussi apprendre à cultiver sa différence, celle qui enrichit la relation mais aussi le travail.

« Désormais je réalise aussi des interventions en écoles. J’aime transmettre mon expérience. »


P. E. : Quels sont vos projets aujourd’hui ?

R. R. : Tout a été un peu ralenti depuis le confinement. Les usines rouvrent à peine. Les artisans se remettent aussi en marche. Le redémarrage est très lent. C’est aussi comme si il y avait un temps de respiration qui j’espère servira à relancer les choses de manière plus consciente. Je réfléchis à des concepts plus responsables et différenciants avec de jeunes créateurs.

Je réalise aussi en ce moment des interventions dans des écoles de mode. J’aime beaucoup transmettre mon expérience, ce qui est nouveau pour moi.

P. E. : Que retenez-vous de vos années de formation à Esmod ?

R. R. : Ce que j’aimais bien dans l’école, c’est son côté pluriel. La rencontre de gens, professeurs et élèves, qui venaient tous d’univers très différents, de cultures très éloignées. Il y a une force unique dans cette diversité. On vient ici du monde entier. J’ai d’ailleurs gardé des amis de cette époque. C’est aussi Esmod qui a déterminé mon choix de faire de la mode. Au départ je me posais beaucoup de questions, j’hésitais. Ici, j’ai aussi appris à travailler en équipe. Ce qui n’est pas évident quand on commence, mais ça m’a servi toute ma vie.


Le travail, ça peut être joyeux aussi !

P. E. : Qu’auriez-vous envie de dire aux actuels étudiants d’Esmod ?

R. R. : Il faut qu’ils apprennent à cultiver leur différence. Et qu’ils s’ouvrent au collectif. Je crois beaucoup aux duos de créatifs par exemple. Deux têtes chercheuses au service d’un projet c’est une vraie force. Au niveau créatif, il faut être soi, se connaître, se révéler. Ensuite faire en sorte que la technique puisse servir cette créativité. Pas l’inverse. La technique est importante, mais elle ne doit pas dicter la création. Il faut rester perméable, être dans l’émotion. S’ouvrir au monde et suivre son instinct.

Et puis j’ai envie de leur dire de restez ouvert et curieux de ce qui nous environne : la mode ce n’est pas que du vêtement, que des collections. C’est aussi de la photo, de la vidéo, de l’art, de la rédaction, de l’image, etc.

P. E. : Et si c’était à refaire ?

R. R. : Si je devais recommencer une formation aujourd’hui, j’accentuerais une approche pluridisciplinaire de la mode. Je ferais de la photo, de la vidéo, de l'artisanat, etc. Les métiers de la mode sont moins compartimentés qu’autrefois. Les profils doivent être plus polyvalents et agiles. Les écoles doivent se décloisonner, devenir plurielles.

Il faut aussi aider les étudiants à développer leurs capacités de recherche et d’investigation, au-delà des réseaux sociaux. Affiner leur connaissance des tissus, des gammes de couleurs, des cultures du monde, etc. Il faut réinventer la mode en permanence et donc l’école qui va avec.


 

Rosemary Rodriguez : Ethical fashion – it’s right now !


Christian Dior, Paco Rabanne, Thierry Mugler,... Rosemary Rodriguez's CV is a dream come true. After Esmod, this French creative director and consultant of Spanish origin has worked for the greatest designers. Through her company Ama Consulting Agency, she now advises many brands. She defines new development orientations, organizes design studios, participates in the elaboration of more ethical and responsible projects. I'm very demanding on this, and I've been demanding long before it became a hot topic," she says. Today, it's unavoidable.


For Esmod Planet, this passionate professional shares her impeccable career path: "I was born into fashion: my mother was a workshop manager at Guy Paulin. She also worked with Jean-Paul Gaultier and for Paule Ka. In my childhood memories, there's my mother and her fairy fingers draping clothes... Me, I wanted to do something artistic, no doubt related to materials and shapes, but it was still abstract. So, I first took classes at the Penninghen school (Visual Identity, Interior Design), then I joined Esmod. There I took courses in Design and Textile. The complete curriculum was then two years long. It was a real turning point for me and Esmod confirmed my calling. »


Working immediately after school, Rosemary Rodriguez joined the CIM (Comité de Coordination des Industries de la Mode), a design office headed by Nelly Rodi. Rosemary replaced Li Edelkoort, in order to keep an eye on the major fashion trends and to define the future trends. This was a crucial experience that put her in a position to join the Christian Dior fashion house. Responsible for the creation and coordination of the women's style, she is part of the team of designer Gianfranco Ferré, who had just arrived at the house. There, she manages the accessories department and part of the fashion, both direct and licensed creations. She stayed there for 5 years - a recurring number in her life.


With this educational experience at the heart of couture, she joined Thierry Mugler. Already at the time, the designer was tired of creative overproduction and the accelerated pace of the collections. She only wanted to step in when she had something new to add. She started looking for a right hand capable of managing the creation and the studio: Rosemary would manage the collections on a daily basis. She launches the second "Mugler" line: an accessible variation, in terms of aesthetics and price, of the Thierry Mugler collections. A more democratic and affordable concept supported by the new owner of the brand, the Clarins group. « I had carte blanche," recalls Rosemary, "and I really enjoyed rethinking the Mugler spirit for more women. "After 5/6 years here, she joined Paco Rabanne in 2000 as a Creative Director. The Puig group, which owned the brand, had stopped couture collections and wanted to launch a premium ready-to-wear line. Her meeting with the CEO at the time, Remi Clero, proved decisive. At the head of a small team, she reinvented the brand. Today's start up spirit already shines forth. The integrated workshop also allows all the freedom. Here again, she stays for 5 years to imagine and create collections with passion.


With this new knowledge, she created her own fashion agency: Ama Consulting Agency: "Ama in Spanish means soul, mother, home, welcome... she says. I wanted a name connected with the humanity in general and with the feminine side in particular. It's a small, agile and flexible structure where I've been working ever since with a collective of talents, on different projects. »

In 2006, the president of Penhaligon's (the same Remi Clero she worked with at Paco Rabanne), brought her to London to wake up the sleeping beauty of English perfumery. For more than 4 years as Artistic Director, she worked on it, discovering a world she had never seen before. A kind of risk that allows her to learn again and again. Weekly trips to London also make her more flexible and nomadic. She takes the opportunity to imagine a line of gift objects in connection with specialized craftsmen. A relationship with the workshops and hands of real professionals that, in addition to the experience of perfumes, make her collaboration even more enriching.

At the same time, Rosemary returned to Thierry Mugler in 2008 to relaunch the Mugler line, and to manage the menswear collection of the brand. It was a domain that was little known to her at the time, but which she has now enriched once again. « I like to do things I've never done before. »


Then, she has carried out a series of one-off missions, always in the creative department: defining brands DNAs, working on fashion and image concepts, but also managing the teams within the different houses.


Planet Esmod : What is your job today?

Rosemary Rodriguez : My role as a consultant consists of working upstream to reflect on the project: how I perceive the brand, how it might be possible to make it evolve, etc. Then I work in the field to set up the teams that will conform to this evolution; by recruiting different profiles who will eventually be able to carry out the project. These missions can last one, two or more years. I also work on the products, the collections themselves. I like to relaunch and project into the future the brands that have a history, and the difficulty that this sometimes represents. You have to know how to reinvent the history of a brand in order to combine it with the present.


P. E. : For which brands ?

R. R. : For La Redoute recently, where I was involved in the relaunch of a ready-to-wear line, in a popular and desirable spirit. I also worked on the launch of young brands, such as Alain Tondowski and Jacqueline Coq. But also at Tara Jarmon and Longchamp for example. At Longchamp, the idea was to launch a ready-to-wear line, in addition to the existing bags and accessories. Other major brands, that want to remain more discreet, also have me working on the evolution of their brand concept, on the integration of trends, product image, etc. At Comptoir des Cotonniers, I was brought in to create a capsule collection, over one season, but which could easily develop over time with other creative profiles, different every season. The arrival of a new artistic director put an end to this development. In the life of a company it can happen too...


P. E. : The ethical dimension seems to be essential for you. How can you establish it in a world that is often more sensitive to profit than to cleanliness of means?

R. R. : Indeed, ethical and responsible approaches are not always easy to explain in all fashion houses. However, that really interests me - even if it's difficult because of the economic stakes. On the other hand, it's an inescapable fact. It's the future and even better: it's now! We can function like an industry and at the same time have an awareness and respect for people and the environment. We can have both a sense of innovation and inclusion. We can be agile, but not just anyhow. For example, it's a bit absurd to produce so many new products at the current pace. When I started, we were producing two collections a year, not six!


Recently I worked on a very nice project to launch an ethical brand, Secteur 6, a regenerative fashion based on eco-responsible materials with an artisanal approach. The human and ethical are part of my DNA since long before it became a fashionable subject. At Paco Rabanne, as at La Redoute, I have set up projects with associations and foundations for women in difficulty.


P. E. : Tell us about any particular encounters you have had throughout your career, how essential are they?

R. R. : For me, the human is paramount. The encounters, the opportunities, the collective, the way of working in teams: my career has only been made of encounters. You also have to learn to cultivate your difference, the difference that enriches the relationship but also the work.

« Now I also organize workshops in schools. I'd like to pass my experience on to the students"

P. E. : What are your current projects?

R. R. : Everything's been a little slow since the lockdown. The factories are barely reopening. The craftsmen are starting up again, too. Recovery is very slow. It's also like there's a breathing time that I hope will be used to restart things more consciously. I'm thinking about more responsible and differentiating concepts with young designers.

I'm also currently doing workshops in fashion schools. I really like to pass on my experience, which is new to me.


P. E. : What do you remember about your years of learning at Esmod?

R. R. : What I liked about the school was its plural side. The meeting of people, teachers and students, who all came from very different worlds, from very distant cultures. There is a unique strength in this diversity. We come here from all over the world. In fact, I've kept friends from that time. It was also Esmod that determined my choice to go into fashion. At the beginning I asked myself a lot of questions, I hesitated. Here, I also learned to work in a team. It's not easy when you start, but it has served me well all my life.


P. E. : What would you like to say to Esmod students?

R. R. : They have to learn to cultivate their difference. And that they open up to the collective. I'm a big believer in creative duets, for example. Two researchers working together on a project is a real strength. On a creative level, you have to be yourself, get to know yourself, reveal yourself. Then make sure that the technique can serve this creativity. Not the other way around. Technique is important, but it should not determine creativity. You have to remain fluid, to be in the emotion. Open up to the world and follow your instincts.

And then I want to tell them to stay open and curious about what surrounds us: fashion is not just clothes, not just collections. It's also about photography, video, art, writing, image, etc.


P. E. : What if you had to do it all over again?

R. R. : If I had to start studying again today, I would emphasize a multidisciplinary approach to fashion. I would do photography, video, handicrafts, etc. Fashion professions are less compartmentalized than they used to be. Profiles need to be more versatile and agile. Schools need to break down barriers, become plural.

It is also necessary to help students develop their research and investigative skills, beyond social networks. Refine their knowledge of fabrics, color ranges, world cultures, etc. It is necessary to constantly reinvent fashion and therefore the school that goes with it.



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