Ténos prend son inspiration du contraste entre lignes dynamiques et simplicité du style. Une élégance puissante, à la fois pure et sophistiquée, qui a muri dans la rencontre et le croisement de deux cultures de mode d’avant garde, la France et la Chine. Une marque dirigée et fondée par Rogrong Ren, une ancienne étudiante d’Esmod Lyon. Ses professeurs se souviennent parfaitement de cette étudiante chinoise brillante, devenue Lyonnaise de cœur et qui a su y garder des liens. Revenue en Chine où elle a fondé sa marque « Ténos », elle nous parle de son expérience.
« L’idée et le début de ma réflexion est venue en juin 2013, je voulais créer une marque de prêt à porter plutôt haut de gamme pour femme mais aussi un studio de design. J’ai toujours voulu créer ma propre marque car je voulais trouver mon propre terrain de jeu, mon espace de création.
Au début j’avais pensé à Paris, mais après réflexion il me semblait difficile de me lancer, cela demandait beaucoup d’investissement de départ, donc nous avons repris la direction de Shanghai, la ville la plus moderne et la plus créative de Chine. C’est un peu comme New York, il y a beaucoup de dynamisme et d’énergie. Il y a ici comme en Europe des femmes indépendantes et dynamiques, avec du gout pour la mode comme forme d’expression.
TÉNOS est une marque indépendante qui travaille avec des boutiques multi marques; nous faisons 2 collections par an que nous présentons aux acheteurs mais aussi au public par des évènements. Nous avons participé pour nos acheteurs au Showroom de la Shanghai Fashion Week. Mais la grande chance que j’ai eu c’est d’avoir rencontré Iris Germanica, avec qui je développe et fabrique ma collection, je travaille aussi avec leur modéliste. Ils distribuent aussi ma collection sur leur site. C’est une société allemande installée à Shanghai et ils comprennent mon travail créatif, tout en ayant un regard et une expérience commerciale qu’ils me font partager.
Nous avons récemment ouvert un magasin en propre dans un grand centre commercial à Shanghai. La boutique TENOS m’aide à mieux comprendre le marché et sa segmentation, surtout sur Shanghai, car la Chine est tellement grande que les gens ne consomment pas de la même manière en fonction des régions. A Chengdu par exemple les clients cherchent beaucoup plus porter des marques de designer indépendant qu’à Shanghai où beaucoup de femmes préfèrent la sécurité des grandes marques.
J’ai compris qu’Il est important d’être créatif et de vivre pour son art, mais il faut aussi en vivre, c’est ce qui est le plus difficile au début. J’ai du comprendre que pour pouvoir vraiment faire ce que j’aime je devais devenir une vrai entrepreneuse et pas seulement une designer. Par exemple il ne serait pas très sain de me développer qu’avec des boutiques multi marque en Chine dans le contexte actuel. Il me faut donc aussi développer d’autres canaux afin de faire connaitre la marque et d’assurer sa pérennité.
Chaque collection peut avoir une inspiration assez différente, par exemple les spirales ou les costumes traditionnels Tibétains ; Ce sont soit des inspirations abstraites soit des inspirations culturellement plus marquées. Je ne veux pas m’interdire de nouveaux chemins créatifs et parler au cœur des gens d’ici et d’ailleurs.
Le style Européen ou Français est plutôt classique, simple et minimaliste alors que les chinois sont plutôt influences par les tendances du japon et de la Corée, plutôt coloré, ludique et jouant sur les détails. Avant j’étais convaincue que le stylisme et le design c’était de la création sur papier, du dessin, je ne l’associais pas du tout avec le modélisme et le passage entre le design et la réalisation qui est extrêmement important. En Chine malheureusement tout est séparé les élèves apprennent soit le design soit le modélisme ce qui fait que les stylistes ne sont pas complets dans leur art. ESMOD m’a permit de faire le pont entre les deux.
Je suis en contacte avec des créateurs ici, ils sont Chinois pour la plupart, et beaucoup ont fait leurs études en France ou à Londres. Certains sont des amis d’autres de simples connaissances, pas vraiment une communauté, mais force est de constater que malheureusement en Chine comme ailleurs les créateurs ne sont pas beaucoup aidés. Ce n’est pas en soit un métier associé à un fort retour sur investissement et cela met du temps pour construire une marque ici aussi. Je pense que c’est la même chose un peu partout dans le monde, pour paraître dans les magazines il faut de l’argent a investir, être annonceur. Cependant les stars ont besoins de vêtements pour les shootings et certaines nous empruntent directement des vêtements parce qu’elles aiment notre style, donc nous avons de temps en temps un peu de pub par ce biais, c’est une carte à jouer pour la communication.
Mon passage à ESMOD Lyon a été une des périodes des plus importantes de ma vie, j’y ai appris toutes les techniques tout en développant ma propre vision créative et une meilleure appréhension du goût des femmes européennes. Une période épuisante mais heureuse ! J’ai gardé de très bons contacts avec tous mes amies et professeurs et avec la mondialisation et l’essor de la Chine j’ai même l’occasion d’en voir certains lors de leurs déplacements en Chine.»
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